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Ensemencement de champignons mycorhiziens

7 novembre 2016

Le projet du Syndicat des producteurs de bois de la Mauricie d'ensemencer des champignons en forêt au moyen de spores, est un écran de fumée qui crée de faux espoirs selon M. Fernand Miron, biologiste.

Ce projet, lancé en octobre 2016 par le Syndicat des producteurs de bois de la Mauricie, vise à recruter des propriétaires désireux d'augmenter les revenus tirés de leur boisé en ensemençant des champignons de qualité supérieure pouvant être vendus à des prix élevés aux restaurateurs et sur les marchés internationaux. Le problème est que l'implantation de talles de champignons mycorhiziens, associés aux racines des arbres, ça ne peut s'effectuer en déposant tout simplement de vieilles fructifications de champignons sur le sol du parterre forestier. Si c'était aussi simple que ça, tout le monde le ferait et les marchés seraient rapidement inondés.

 Il y a un chercheur, M. Éric Danel du Département de mycologie et de pathologie de l'Université de Suède, qui a réussi à associer le mycélium de la chanterelle commune à des semis d'épinette blanche et qui en a commercialisé un nombre limité. Dans le cas de la chanterelle commune, ces semis commenceront à produire des chanterelles quinze ans après leur implantation sur le terrain. Si on pouvait faire la même chose avec des semis de pin gris associés au matsutake, la récolte débuterait après soixante ans.

Le sol est déjà rempli des mycéliums de plusieurs espèces de champignons qui défendent vigoureusement leur habitat pour empêcher tout autre champignon de venir les remplacer. Tant qu'il n'y aura pas de modifications majeures dans le milieu, aucune implantation n'est possible. Prenons pour exemple une érablière. Chaque année, les érables laissent tomber au sol des centaines de milliers de samares; certaines d'entre elles germent et donnent des plantules de quelques dizaines de centimètres qui tapissent le sol des érablières. Aucun de ces semis ne pourra devenir un arbre tant que les érables déjà présents seront là, Suite à une attente de 150 ou 200 ans, lors de leur mort ou après une coupe, seuls quelques semis pourront croître et donner une nouvelle génération d'arbres matures.

Il faut savoir que les mycéliums de champignons dans le sol peuvent y vivre des centaines d'années si leur habitat est favorable. Par exemple, après un feu de forêt, les mycéliums des champignons continuent de vivre dans le sol en attente qu'un nouveau peuplement d'arbres le colonise et que ceux-ci atteignent l'âge où ils pourront s'associer à leurs racines. Pour espérer briser ce cycle, il faudrait reboiser, dans des sols favorables, des semis d'épinette blanche ou de pin gris déjà associés à des champignons de qualité supérieure et espérer que cette association persiste pour un  certain pourcentage d'entre eux. De tels semis n'existent pas.

 

L'implantation de nouvelles talles de champignons associés aux racines des arbres est une opération complexe dont on ne voit pas la réalisation dans un avenir prévisible.